Des pommes, des poires, des cerises ...
Les arbres fruitiers : les conseils de Marc Knaepen
Toutes les personnes ayant la chance de posséder un bout de terrain sont, à un moment donné, tentées de planter quelques arbres fruitiers. Si les arbustes comme les groseilliers ne demandent pas beaucoup d’espace, il n’en est pas de même pour les arbres qui exigent un certain espace vital pour se développer de manière harmonieuse.
BASSE-TIGE, DEMI-TIGE ou HAUTE-TIGE ?
Le choix va dépendre de la superficie réservée au verger ! Dans la grande majorité des cas il est conseillé d’opter pour les basses-tiges dont le point de greffe est situé à ± 70 cm du sol, Ces fruitiers « buissons » prennent peu de place et permettent une cueillette facile. La distance moyenne entre deux fruitiers basses-tiges : 3-4 m (exceptés les cerisiers : 6 m).
Les demi-tiges sont greffés à 1,5 m et demande plus d’espace pour se développer d’où un espacement de 5-6 m entre chaque arbre (cerisiers et mirabelliers : 8 m). Les arbres fruitiers hautes-tiges sont à réserver aux grands vergers puisque les 10 à 15 m d’espacement sont indispensable à leur bonne croissance.
A noter qu’il existe des fruitiers colonnaires et d’autres nains qui peuvent être cultivés dans de grands pots sur la terrasse ou le balcon.
QUAND ET COMMENT PLANTER DES ARBRES FRUITIERS ?
La première démarche : choisir des plantes saines. C’est un élément primordial pour la réussite du verger. Si vous achetez des fruitiers à racines nues la meilleure période de plantation se situe entre novembre (mois idéal) et mars, sauf neige, fortes gelées ou pluies abondantes. La fosse de plantation doit être suffisamment grande pour pouvoir y loger toutes les racines sans les plier ou les casser. Une taille nette de l’extrémité des racines s’impose pour provoquer la formation d’un chevelu radiculaire gage d’une bonne reprise des arbres. De même les racines abîmées ou cassées seront sectionnées le plus nettement possible. Si un tuteurage est nécessaire, il faut l’installer avant la plantation afin de ne pas meurtrir involontairement les racines. Les liens reliant le(s) tuteur(s) à l’arbre doivent être souples, non blessants (liens en caoutchouc ou enrobés de mousse). Dès que l’arbre est mis en place il est idéal de garder autour de ce dernier une petite cuvette et ce non seulement pour l’arrosage (qui doit être abondant quand l’opération de plantation est terminée) mais aussi et surtout pour y déposer un paillage qui limitera l’apparition des herbes indésirables et gardera une bonne fraîcheur du sol.
Quelques années après la plantation, quand le système radiculaire de l’arbre sera bien développé, il sera possible d’ensemencer le sol au pied de la plante avec un engrais vert.
Important aussi de savoir que si vous souhaitez remplacer un fruitier existant par un autre et ce au même emplacement il faudra retenir la consigne suivante : si il y avait un fruitier à pépins on plantera un fruitier à noyau et si il y avait un fruitier à noyau on plantera un fruitier à pépins.
DES EXIGENCES PRECISES …
Les pommiers sont vraiment des fruitiers pour climat tempéré comme c’est le cas de nos régions. Ils apprécient les terres profondes, saines et tolèrent même un peu de calcaire. Par contre ils sont très sensibles au chancre si le sol est constamment humide.
Les poiriers aiment les sols silico-argileux, fertiles, profonds et gardant une bonne fraîcheur tout en étant bien drainés. Ils n’aiment pas les sols trop argileux ou très sableux et encore moins les terres calcaires. A noter que les poiriers détestent la sécheresse.
Les cerisiers, griottiers … sont plus sensibles aux maladies et ont même tendance à végéter si on les plante dans un sol lourd, argileux. De même ils dépérissent rapidement dans les terres humides.
Les pruniers sont assez faciles de culture. Ils tolèrent la plupart des sols, même ceux qui sont humides (pas marécageux!). Ils redoutent par contre les sols secs car leur système radiculaire est assez proche de la surface.
Les abricotiers croissent bien dans les terres saines même si elles sont à tendance calcaire. Ils n’apprécient pas les sols argileux, compacts, humides. Dans nos régions il est conseillé de les planter à exposition sud, en plein soleil (le palissage contre un mur est idéal).
Les pêchers et nectariniers s’accommodent des mêmes sols que les abricotiers. Un exposition chaude et ensoleillée est indispensable. Ces trois fruitiers voient malheureusement leur floraison très précoce anéantie par le gel …
FAUT-IL TAILLER LES ARBRES FRUITIERS A LA PLANTATION ?
Pour une reprise optimale des arbres il est conseillé de pratiquer un toilettage à la plantation, toilettage qui consistera à équilibrer la ramure de l’arbre par rapport à sa masse de racines. En règle générale les branches sont raccourcies de moitié. Attention : les arbres fruitiers à noyaux (cerisiers, pêchers, pruniers,…) ne peuvent pas être taillés en période de repos mais bien dans les deux mois qui suivent la période prévue de récolte des fruits. Les cerisiers, par ex., peuvent se tailler de fin juin à mi-septembre en fonction des variétés.
PAS DE FRUITS SANS FECONDATION !
Il est important de faire la distinction entre les fruitiers autofertiles et ceux qui sont stériles. Les arbres fruitiers autofertiles ne nécessitent pas la présence à proximité d’une autre variété pour féconder leurs fleurs et fructifier normalement. Dans cette catégorie on retrouve les abricotiers, les châtaigniers, les cognassiers, les noyers, les pêchers, les mirabelliers, les griottes du nord et quelques variétés de pommes et de poires.
Les fruitiers stériles, autrement dit « à polliniser », ont impérativement besoin d’une variété pollinisatrice. On y trouve la majorité des pommiers et des poiriers, les cerisiers et les pruniers.
A QUAND LA PREMIERE VRAIE RECOLTE ?
Les premiers fruits sont toujours attendus avec une grande impatience par tous les jardiniers.
A titre indicatif, les arbres fruitiers en buisson produisent des fruits après 3-4 ans de culture, les demi-tiges après 5-7 ans et les hautes-tiges après 6 à 10 ans.
Petit truc : il est conseillé de supprimer les fruits qui pourraient apparaître sur les arbres la première année. En effet l’arbre n’est pas encore suffisamment « fort » pour supporter cette dépense d’énergie !
LE VERGER, IMPORTANT POUR LA BIODIVERSITE …ET LES LIENS SOCIAUX
L’intérêt des fleurs sauvages dans un verger est une évidence. Les fleurs indigènes attirent les insectes auxiliaires comme de nombreuses espèces de syrphes. Les larves de ces insectes sont aussi voraces que les larves des coccinelles et permettent la régulation naturelle des populations de pucerons.
Pour favoriser la présence de ces alliés, qui sont aussi très souvent d’excellents pollinisateurs, on peut semer une prairie fleurie dans le verger. On choisira un mélange essentiellement composé de plantes de la familles des Apiacées et des Astéracées.
Un mélange de fleurs ou la création d’une prairie fleurie (petite ou grande) vous rendra de grands services. La prairie fleurie sera fauchée fin d’été début d’automne.
Le verger devient alors un milieu vivant et il le sera encore plus si vous y installer des hôtels à insectes qui seront rapidement occupés par des abeilles et des guêpes solitaires, par des chrysopes, des forficules,… Un nichoir à bourdons est lui aussi intéressant puisque ces gros insectes sont d’excellents et infatigables pollinisateurs et vos fruitiers en ont besoin !
Et puis un verger, au bout de quelques années, produira beaucoup de fruits, souvent plus que ce qu’une famille peut consommer … C’est le moment d’en faire profiter la famille, les amis, les voisins… Des liens sociaux vont ainsi se former progressivement, les échanges de bons conseils et de récoltes alléchantes seront de plus en plus nombreux … Et les liens sociaux sont très importants pour notre équilibre…
Bonne(s) plantation(s) !
Marc Knaepen